Enseignant à la Faculté de Santé de Paris, expert en e-santé auprès de la Haute Autorité de Santé, membre de la task force ePROMs de l’European Society of Medical Oncology, chercheur associé au CNRS, directeur médical et scientifique de la start-up Kelindi, qu’il a co-fondée, médecin spécialisé en oncologie et radiothérapie… L’agenda du Pr Fabrice Denis est assurément bien rempli. L’oncologue, qui officie à mi-temps à l’institut Jean Bernard du Mans, s’intéresse depuis une dizaine d’années au monde de la recherche. Parallèlement à ses activités de médecin, il a ainsi pris part à un cursus scientifique pour rédiger une thèse en lien avec l’INSERM, et a peu à peu orienté ses recherches vers la e-santé.
La première application de télésurveillance remboursée par l’Assurance maladie
« Le thème de la e-santé est apparu lors de mes travaux avec le CNRS il y a neuf ans », se souvient l’intéressé qui étudiait alors les différentes évolutions des cancers du poumon. « Nous nous sommes rendu compte que la croissance des tumeurs était régie par la théorie du chaos, ce qui la rendait imprévisible à long terme. Mais un moyen de mieux suivre les patients était de s’occuper de leurs symptômes, qui pouvaient être plus révélateurs que le suivi de la tumeur en tant que telle. Nous avons donc développé une application de suivi des symptômes pour détecter les rechutes », poursuit-il.
De cette volonté est née Moovcare, une web-application qui propose au patient de répondre chaque semaine à un questionnaire détaillé sur son état de santé. « Analysées par algorithme, ses réponses permettent d’alerter si nécessaire l’équipe médicale, réduisant ainsi les risques liés aux rechutes », résume l’oncologue. Première application de télésurveillance remboursée par l’Assurance maladie, cette solution a fait l’objet d’une étude clinique randomisée qui « a démontré un gain moyen de survie globale de 7,6 mois pour les patients éligibles », annonce fièrement Fabrice Denis, persuadé que « ce n’est que le premier pas d’une utilisation généralisée de la télésurveillance en e-santé ».
De cette volonté est née Moovcare, une web-application qui propose au patient de répondre chaque semaine à un questionnaire détaillé sur son état de santé. « Analysées par algorithme, ses réponses permettent d’alerter si nécessaire l’équipe médicale, réduisant ainsi les risques liés aux rechutes », résume l’oncologue. Première application de télésurveillance remboursée par l’Assurance maladie, cette solution a fait l’objet d’une étude clinique randomisée qui « a démontré un gain moyen de survie globale de 7,6 mois pour les patients éligibles », annonce fièrement Fabrice Denis, persuadé que « ce n’est que le premier pas d’une utilisation généralisée de la télésurveillance en e-santé ».
2020, année charnière
Ces derniers mois ne contrediront pas le médecin dans son ambition d’assurer la diffusion de la santé numérique à plus grande échelle. Lui-même a d’ailleurs participé à l’essor de la télémédecine lors de la crise sanitaire. Il est en effet à l’origine de MaladieCoronavirus.fr, une application web permettant d’orienter les patients à partir de leurs symptômes. « Nous sommes partis d’une feuille blanche mais, en mobilisant de nombreuses connaissances et en mutualisant nos savoirs, nous avons réussi à mettre sur pied cette application en quinze jours », raconte le médecin. Reprenant le principe de mise en application de la télésurveillance développé pour Moovcare, le logiciel a enregistré 15 millions d’utilisateurs durant ses quinze mois d’existence. « Nous sommes même montés à plus d’un million d’utilisateurs sur une journée », indique Fabrice Denis.
Disponible en open source sur le site du ministère des Solidarités et de la Santé, MaladieCoronavirus.fr a été repris par d’autres, « certains ayant même développé des outils annexes, comme des chatbots téléphoniques, par exemple », souligne le médecin. Si l’application n’est aujourd’hui plus en activité, elle aura permis, au plus fort de la crise, de suivre l’épidémie mais aussi de « désemboucher » le SAMU, « en divisant par huit le nombre d’appels inutiles au 15 », précise, étude à l’appui, Fabrice Denis. Grâce à ce travail, il a reçu en mars dernier le prix de la personnalité Santé de l’année 2020, durant les tout premiers « Grands prix BFM Business de la santé ».
Loin de s’en tenir là, l’oncologue a, toujours en 2020, aussi créé Kelindi, une start-up dédiée à la télémédecine et co-fondée avec Florian Le Goff. « Cela nous offre un cadre plus efficient pour porter des projets », indique le médecin, qui s’est ici entouré d’une dizaine de professionnels de santé et d’ingénieurs. La start-up porte plusieurs applications, dont CovidAnosmie, un logiciel dédié à la rééducation olfactive des personnes ayant contracté le Covid. Prévention du burn-out, suivi des jeunes retraités… Les champs traités sont chaque jour plus larges. On pourrait, par exemple, citer l’une des dernières applications sorties par la jeune pousse : Malo, qui fait office de carnet médical de suivi pour les enfants de 0 à 7 ans. « Toujours par le biais de questionnaires, Malo permet aux parents de suivre l’évolution du développement de leur enfant sur une dizaine de domaines : langage, motricité, audition, vision…, ce qui permet de détecter, de manière précoce, un éventuel trouble du neuro-développement », résume Fabrice Denis.
Disponible en open source sur le site du ministère des Solidarités et de la Santé, MaladieCoronavirus.fr a été repris par d’autres, « certains ayant même développé des outils annexes, comme des chatbots téléphoniques, par exemple », souligne le médecin. Si l’application n’est aujourd’hui plus en activité, elle aura permis, au plus fort de la crise, de suivre l’épidémie mais aussi de « désemboucher » le SAMU, « en divisant par huit le nombre d’appels inutiles au 15 », précise, étude à l’appui, Fabrice Denis. Grâce à ce travail, il a reçu en mars dernier le prix de la personnalité Santé de l’année 2020, durant les tout premiers « Grands prix BFM Business de la santé ».
Loin de s’en tenir là, l’oncologue a, toujours en 2020, aussi créé Kelindi, une start-up dédiée à la télémédecine et co-fondée avec Florian Le Goff. « Cela nous offre un cadre plus efficient pour porter des projets », indique le médecin, qui s’est ici entouré d’une dizaine de professionnels de santé et d’ingénieurs. La start-up porte plusieurs applications, dont CovidAnosmie, un logiciel dédié à la rééducation olfactive des personnes ayant contracté le Covid. Prévention du burn-out, suivi des jeunes retraités… Les champs traités sont chaque jour plus larges. On pourrait, par exemple, citer l’une des dernières applications sorties par la jeune pousse : Malo, qui fait office de carnet médical de suivi pour les enfants de 0 à 7 ans. « Toujours par le biais de questionnaires, Malo permet aux parents de suivre l’évolution du développement de leur enfant sur une dizaine de domaines : langage, motricité, audition, vision…, ce qui permet de détecter, de manière précoce, un éventuel trouble du neuro-développement », résume Fabrice Denis.
La e-santé a « toute sa place dans le monde médical »
Très occupé par ses différents travaux, le médecin fait aussi office d’expert e-santé pour la Haute Autorité de Santé et participe, depuis avril dernier, à la task force ePROMs, qui réunit plusieurs experts pour établir les recommandations de la télésurveillance en oncologie au niveau international. « Créée par la société européenne d’oncologie médicale ESMO, cette task force veut standardiser la télésurveillance en cancérologie », explique l’oncologue, qui annonce : « Dès le premier trimestre 2022, nous devrions être en mesure de publier des recommandations relatives aux usages et types de logiciels de télésurveillance pour des patients atteints de cancer. Ces recommandations seront disponibles pour tous les oncologues, afin qu’ils puissent avoir les clés pour faire les meilleurs choix ». Ces travaux de structuration sont, pour Fabrice Denis, « un bon signal » pour la télésurveillance, qui a « toute sa place dans le monde médical, quelle que soit la spécialité ».
Cet intérêt pour la e-santé, le médecin le partage aussi lors de ses cours à la Faculté de Santé de Paris, où il est régulièrement en contact avec de futurs médecins. « Ils font preuve d’une appétence forte pour ces sujets, mais il faut quand même leur expliquer », insiste le spécialiste en rappelant que « nous ne sommes qu’aux balbutiements de la e-santé ». Pour autant, le médecin ne compte pas s’y consacrer entièrement. Pour lui, « le patient étant un acteur majeur de la télésurveillance, il est primordial de poursuivre les consultations ». Il continue donc à exercer à mi-temps tout en développant ses activités. L’oncologue ne manque d’ailleurs pas de projets pour l’avenir. Il compte ainsi développer de nouveaux outils de prévention « pour tous les âges de la vie ». « La télésurveillance et l’auto-évaluation permettent un repérage précoce d’éventuels problèmes. Pour le bien de tous, nous devons nous en saisir et les appliquer aux moments clés de la vie », conclut-il.
Article publié dans l'édition de décembre 2021 d'Hospitalia à lire ici.
Cet intérêt pour la e-santé, le médecin le partage aussi lors de ses cours à la Faculté de Santé de Paris, où il est régulièrement en contact avec de futurs médecins. « Ils font preuve d’une appétence forte pour ces sujets, mais il faut quand même leur expliquer », insiste le spécialiste en rappelant que « nous ne sommes qu’aux balbutiements de la e-santé ». Pour autant, le médecin ne compte pas s’y consacrer entièrement. Pour lui, « le patient étant un acteur majeur de la télésurveillance, il est primordial de poursuivre les consultations ». Il continue donc à exercer à mi-temps tout en développant ses activités. L’oncologue ne manque d’ailleurs pas de projets pour l’avenir. Il compte ainsi développer de nouveaux outils de prévention « pour tous les âges de la vie ». « La télésurveillance et l’auto-évaluation permettent un repérage précoce d’éventuels problèmes. Pour le bien de tous, nous devons nous en saisir et les appliquer aux moments clés de la vie », conclut-il.
Article publié dans l'édition de décembre 2021 d'Hospitalia à lire ici.